Où la compagnie de Talabheim fait preuve d’héroïsme.

Personnages-joueurs présents :

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Mars Orya, elfe monte-en-l’air

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Helena Kramer, humaine avocate

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Lambertus Englander, humain patrouilleur rural et son cheval de guerre Verra

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Lotte Pfaffen, humaine chasseuse

Dans l’épisode précédent

Recherchés par la garde de la capitale de l’Empire pour un meurtre qu’ils n’ont pas commis, les aventuriers voguent sur le fleuve Reik en direction du nord, le temps de se faire oublier.

La voie est désormais libre en direction de la ville marchande de Bogenhaffen, où un mystérieux héritage doit les attendre. Mais l’intoxication alimentaire du halfling et du nain contraint le reste du groupe à interrompre le voyage à la recherche de fleurs de Serpolet, seul ingrédient capable de les soigner. De plus, la découverte de deux enfants, survivants d’un massacre perpétré par un clan de gobelins de la nuit que ces derniers maintiennent en captivité, rend l’opération plus périlleuse que prévue…

Bois-poison, deuxième jour…

Onze heure du matin. Soleil levé, blessures soignées, ventre plein et gobelins endormis.

Pendant que Verra broute, attachée à un arbre, les quatre aventuriers fouillent en silence les hautes herbes situées autour du gouffre abjecte.

Selon Lotte, qui est partie en reconnaissance un peu plus tôt, les enfants sont toujours enfermés dans leur cage suspendue au dessus du précipice.

Mars est chargée, comme la veille, de descendre dans le gouffre pour trouver une solution afin de les secourir.

Alors qu’elle se concentre pour retrouver les prises qui lui facilitèrent la tache hier, son pied gauche glisse sur une saillie verglacée. Perdant l’équilibre elle essaye de se rattraper aux branches d’un arbuste. Hélas dans le bois-poison le bois est constamment pourri et la branche se brise entre les doigts graciles de l’elfe. Au bout d’une dégringolade de huit mètres, la tête de la voleuse heurte le sol gelé d’une corniche. Assommée, elle tombe immédiatement dans un profond sommeil.

Inconscients de ce qu’est en train de vivre leur camarade, les autres poursuivent leurs recherches.

Lambertus est au bord de la crise de nerf, cela fait toute la matinée qu’il s’échine à trouver ces satanées fleurs de Serpolet.

Quand soudain, alors qu’il fouille la neige, deux fleurs roses en forme de larmes, suspendues au sommet d’une tige verte parcourue de petites feuilles ovales apparaissent devant ses yeux.

Son visage s’illumine. Tout à son plaisir de cueillir avec délicatesse les précieuses plantes, il ne remarque pas les pas lourds qui approchent derrière lui et l’ombre imposante qui commence à le recouvrir.

Alors que le patrouilleur s’apprête à fourrer dans sa besace son trésor il entend une voix caverneuse derrière son dos : « Oî !».

Onéirophobie

Sur la mousse fraîche tapissée de feuilles automnales, Mars s’allonge et s’endort paisiblement.

Au cours de son sommeil elle sent des picotements le long de sa jambe. Puis le long de son bras. Ce sont des fourmis à tête de gobelins. L’elfe dort mais peut quand même les voir.

Les fourmis-gobelins parcourent son corps par milliers. De leurs petites lances elles piquent chaque partie de son corps. Elles la mordillent puis, commencent à arracher sa peau.

Samy est là , c’est Samy mais son visage est celui de Brogriadoc, son canard domestique. Samy essaye de retirer les fourmis mais elles sont si nombreuses qu’il choisi finalement d’abandonner son amie là pour partir se faire un sandwich à la ventrèche.

Héléna vient à son tour, c’est Héléna mais à la place de son chapeau elle porte un tas de Couronnes d’Or sur la tête. Héléna balaye les fourmis de la main mais celles-ci grimpent sur son bras et l’avocate de Talabheim prend la fuite pour s’enfermer dans le palais de sa comtesse bien aimée.

Les fourmis entrent dans la bouche de l’elfe, elle le sent mais ne peux pas bouger.

antsElle voit son vieil ami Rüdiger, soldat du Talabecland. Il la scrute depuis un trône constitué de cadavres de soldats impériaux.

« Relève toi, dit Rüdiger, allons, relève toi.» mais Mars ne peux pas. Les fourmis-gobelins entrent dans sa bouche. Les soldats aux uniformes bariolés tombent par centaines du ciel.

«Tu n’aurais pas du t’endormir ici, dit Rüdiger alors que les corps l’ensevelisse. «Tu n’aurais pas du t’assoupir dans l’herbe» chuchote le soldat avant de disparaître.

Et dévorée de l’intérieur par les fourmis-gobelins, la souffrance de l’elfe la fait peu à peu sombrer dans la démence.

Si l’ogre y était…

Un ogre, de plus de 2 mètres 50 de haut, toise Lambertus. Il semble le regarder avec l’indifférence qu’un pêcheur accorderait à du menu fretin. «Hé là , l’humain. Ils sont où les petits verdâtres ? Elle est où ma marchandise ?» dit l’ogre de sa voix caverneuse.

Lambertus, qui s’est aussitôt relevé et a reculé de trois pas, les yeux écarquillés et les lèvres tremblantes, ne parvient qu’à bégayer un début de réponse incohérente tout en tendant ses fleurs roses en direction du campement gobelin. Il ne remarque que plus tard l’énorme baliste militaire que l’ogre traîne derrière lui à l’aide d’une solide corde de marine.

«Merci…» répond l’ogre, de la ogremanière la plus cordiale qu’un ogre puisse donner, puis s’éloigne en direction des tentes.

Lorsqu’il soulève la toile de l’une d’entre elles ses occupants se réveillent en piaillant «Écailleux ! Écailleux est là !». Une détonation retenti et un impact frappe le sol à trois pas d’écailleux. L’ogre se retourne brusquement et court en direction du patrouilleur, mais celui-ci a déjà pris la fuite parmi les arbres. Après quelques minutes à renifler le sol, écailleux retourne à ses affaires.

La baliste est remise aux gobelins qui en échange sortent les deux garçonnets de leur cage pour les fourrer dans un gros sac de cuir rapiécé. Sa marchandise sur l’épaule, l’ogre fait demi-tour vers les profondeurs du bois-poison. Tapis dans les fourrés, Lotte, Héléna et Lambertus observent.

Les traces de pas lourds ne sont pas très difficiles à retrouver et bientôt les trois aventuriers aperçoivent une bicoque aux murs tordus faite de lourdes pierres.

La colère d’écailleux

« Hé ! crie Lambertus qui se tient à quelques mètres de l’entrée. L’ogre ! Tu vas venir ? C’est moi qui t’ai tiré dessus, tu t’en souviens?»

La porte s’ouvre quelques instants après. L’ogre surgit équipé d’un énorme couvercle en fonte et de son hachoir de boucher. Il grogne : «Petit humain… qu’est-ce tu m’veux ?»

« Te voir mort l’ogre !» Répond Lambertus en soulevant son pistolet et, tout en tenant en joue son adversaire, il fait trotter sa monture en direction de l’intérieur du bois. Pendant cinq minutes le patrouilleur fait ainsi tourner en bourrique son adversaire. Trop lent et lourd, Écailleux est incapable de rattraper la jument. Exaspéré il fini par lâcher son hachoir et son bouclier pour se mettre en tête de déraciner un arbre.

«Repose cet arbre ! Lui crie Lambertus. Repose cet arbre putain !» Perdant son sang-froid, le patrouilleur presse la détente de son pistolet mais rate son tir, une fois encore.winter_forest_near_erzhausen_ii

Pendant ce temps Héléna et Lotte se faufilent par les fenêtres de la maison. Elles découvrent sur le sol gras, à côtés de caisses et de tonneaux, le sac en cuir contenant les deux enfants. Lotte ouvre le sac et découvre les enfants terrorisés. Les deux jeunes femmes les rassurent puis leurs demandent de rapidement prendre le chemin de la péniche.

L’ogre soulève l’arbre et le projette de toutes ses forces comme le ferait un lanceur de javelots. Le patrouilleur anticipe ce qui va se passer et demande à Verra de galoper en zigzag tout en s’éloignant. Dans un fracas l’arbre se plante profondément dans le sol loin de sa cible, dans un éclat de mottes de terres.

«Déguerpi, humain, déguerpi ! Gronde Écailleux. Tu m’fais pas peur, avec ton petit pistolet, avorton. Maint’nant dégage !»

Mais Lambertus, qui ne sait pas si ses amies ont terminées leur opération sauvetage, continu de faire perdre du temps à l’ogre en lui tournant autour. Irrité, l’ogre soulève son couvercle en fonte et le projette comme un frisbee. Le projectile s’enfonce dans un tronc et l’arbre, à moitié tranché, s’effondre. C’est à ce moment là que le patrouilleur choisi de s’en aller galoper en direction du gouffre et de laisser l’ogre rentrer chez lui.

Plus tard, un hurlement de rage retenti dans le bois. Tout porte à croire qu’il provient de l’ogre découvrant sa maison pillée de sa nouvelle acquisition.

On s’taille !

Au gouffre, Lambertus retrouve Mars.

«Qu’est-ce que c’était que ce cri ?» Demande l’elfe, qui a émergé de son effroyable cauchemar quelques minutes plus tôt.

«Écoute Mars, je crois qu’on ferait mieux de ne pas s’éterniser, est-ce que tu as vue les autres ?»

Des pas lourds et un grognement retentissent à quelques dizaines de mètres de là .

« J’ai un mauvais pressentiment…» murmure Mars.

«Cassons nous, hâte Lambertus, monte sur Verra je nous tire de là !»

Au triple galop, la jument prend la direction de la péniche. En passant près du village ils rattrapent Héléna et Lotte avec les enfants.

«Larguez les amarres, on se taille !» Leur hurle Mars.

D’un bon, Verra atterrie sur le pont du navire.

Lotte et Héléna, tirant chacune un gamin par le bras lui succède au pas de course.

Tout le monde se retrouve sur la péniche.

«Josef on y va !»

Le batelier tend les voiles, détache la corde et le Bérébéli part en direction du nord.

A son bord, deux nouvelles recrues orphelines et derrière lui, sur les berges gelées du Reik, un ogre solitaire et plein de rancœur.

A suivre…