Un paisible village, un sommeil à la belle étoile et des biscuits au miel

Personnages-joueurs présents :

Rubis – 16 ans – Le plus jeune, mais aussi le plus éduqué, aussi bien en escrime qu’en littérature.

Aenith – 17 ans – Respectée pour sa sagesse, elle a toujours ce qu’il faut pour soigner ses amis.

Ophélia – 17 ans – Paysanne et joueuse de flûte à ses heures, elle vit en harmonie avec les saisons. Elle est accompagnée d’un perroquet bavard.

Milulu – 18 ans – Chasseuse hors pair, elle est à l’aise dans les grands espaces.

Eguil – 18 ans – L’aîné du groupe. Minutieux et vif d’esprit, il ne rate jamais une bonne affaire. Il est accompagné d’un yak bruyant.

A l’intention du Dragon de l’Automne. Voici le récit des cinq jeunes gens que j’ai choisi de suivre afin de vous abreuver de leurs aventures. Je vous délivre le premier chapitre de leur histoire, que leur amitié et les émotions qu’ils ressentirent entretiennent votre saison.

Si vous vous baladez autour des montagnes vertes, vous finirez par entendre le hurlement des loups et chercherez un endroit où vous réfugier la nuit. Suivez alors la délicate mélodie du ruisseau qui dévale le versant ouest en zigzaguant entre les pins. Il finira par tomber en une petite cascade au bas de laquelle il prendra la forme d’un lac aux eaux clairs. C’est ici que vous apercevrez les petites chaumières en bois et en pierre du village de Vertevue. Les 251 habitants qui y vivent seront ravis de vous aider et vous feront découvrir leur liqueur de fleur appelée « Baume au coeur » qu’ils préparent depuis un vieil atelier aux allures de moulin à eau. Sachez que c’est ici que vit Fred, le fameux souffleur de verre dont les bouteilles à l’allure raffinée s’arrachent dans toute la région.

Les Contes de Terremer (Goro Miyazaki, Studio Ghibli – 2006) (ArtD: Youji Takeshige)

A Vertevue la coutume veut que le grand voyage d’un an que chaque humain doit effectuer au moins une fois dans sa vie doit se dérouler entre l’enfance et l’âge adulte. Ce jour est venu pour les cinq jeunes gens dont je vais vous conter le voyage : Rubis, Aenith, Ophélia, Milulu et Eguil. Cela fait plus de quinze ans que je mets à profit l’anneau que vous m’avez offert afin de nouer entre eux un lien fraternel indestructible.

En cette soirée d’été les cinq amis partagent quelques grillades et bouteilles de Beaume au Coeur avec leurs camarades et leur famille. Les rires et les bons souvenirs de voyage sont partagés. C’est dans cette atmosphère nostalgique que madame Linghu, professeure de Vertevue, prend la parole. Elle raconte aux futurs aventuriers l’histoire du dragon du canyon de Saintombre et leur explique qu’il est important que les jeunes d’ici continuent de s’y rendre comme première étape de leur voyage initiatique. Tout le monde a déjà entendu mille fois l’histoire de ce canyon situé à quatre jours de marche au Nord-Ouest, mais personne n’ose interrompre la sage madame Linghu.

Alors que les festivités touchent à leur fin, madame Kolbeck, une voisine de Rubis, s’approche. Elle explique au groupe que sa fille de sept ans doit passer l’été chez son papa dans une ville proche du fameux canyon. Elle demande alors aux jeunes si cela ne les encombrerait pas de prendre la petite avec eux pour l’accompagner ce qui permettrait à madame Kolbeck de continuer de travailler dans son atelier. Les cinq jeunes gens acceptent avec gentillesse, ils connaissent la petite Léné et savent que c’est une enfant plutôt sage.

Il est l’heure de se coucher, mais juste avant Eguil fait un détour par la fabrique de Beaume au Coeur. Pour lui, ce voyage est l’occasion de revenir plus riche qu’il ne part. La richesse dont il est question n’est pas métaphorique, le jeune homme est avide d’argent ! Il négocie alors un lot de six bouteilles afin de pouvoir les revendre plus cher à la prochaine ville.

Le lendemain, à l’aube, après un petit-déjeuner englouti à la hâte, les cinq se tiennent encore somnolent, sur la place du village. Les parents, sœurs et frères sont là, tout comme la petite Léné et sa maman. Eguil a fait venir son yak sur lequel des caisses et des tonneaux contiennent les vivres et l’eau fraiche nécessaire au voyage. « Comment il s’appelle ? » demande Léné, mais le yak n’a pas encore de nom. La petite fille propose de l’appeler Clafoutis, car c’est son dessert préféré. Attendris, le groupe accepte de baptiser ainsi leur animal de bât.

Après un dernier au revoir ému le petit groupe prend enfin la route. L’atmosphère est fraiche à cette heure, mais un dragon de la canicule vole déjà dans le ciel, forçant le soleil à se montrer. Une chaude journée s’annonce. L’ululement des chouettes nocturnes se mêle aux chants des oiseaux diurnes. Un parfum d’aventure emplie les cœurs. Une plaine bien verte qui semble trop vaste s’étend autour des voyageurs. Le cours d’eau qui glougloute délicatement à leur côté est à son niveau le plus bas, par endroit il est presque à sec. Aenith est attentive à toutes les plantes qu’elle croise. Elle demande de s’arrêter alors qu’ils passent près d’un bosquet abritant un arbre semblable à un pommier. Sur l’une de ses branches est perché un fruit à la couleur du crépuscule. C’est une pomme du couchant, un fruit à la chair tonique et très nutritive.

Mai Mai Miracle (Sunao Katabuchi, Madhouse – 2009) (ArtD: Shinichi Uehara)

La marche monotone est désormais accompagnée par le chant des cigales. Un son d’abord agréable, mais qui tape un peu vite sur les nerfs, mais le plus pénible est la chaleur. Elle est particulièrement épuisante maintenant que cinq dragons de la canicule font la fête au zénith, intensifiant plus que d’ordinaire la puissance du soleil de midi. En chemin le groupe trouve un grand saule projetant une ombre accueillante au bord du cours d’eau. Il n’y a rien de plus agréable en cette saison que de se tremper les pieds dans l’eau fraiche. C’est aussi l’avis de Clafoutis qui se jette à l’eau en beuglant de toutes ses forces. Alerté par le bruit un homme sort d’une petite ferme située non loin de là. Ravis de rencontrer la jeunesse de Vertevue le paysan propose un verre d’eau fraiche autour de la table de sa cuisine. Il s’appelle Rubert et vient du pays de Lambrune, au nord. Il explique s’être installé dans la région après avoir rencontré son épouse. Le groupe reprend la route, promettant de repasser voir Rubert dans un an, pour le voyage de retour.

Les dragons de la chaleur se sont éloignés. Le ciel, toujours bleu et éclatant en ce début de soirée estivale, va bientôt prendre sa teinte orangée. Autour des voyageurs, l’herbe, la rivière, l’atmosphère, tout semble plus frais et reposant. Le groupe réalise qu’ils n’ont pas du tout pensé à acheter de tentes pour camper. Rubis prend les choses en main en trouvant un creux de butte assez confortable pour dormir à même le sol. Pendant ce temps Milulu part en quête de gibier… en vain. Son talent pour la chasse a du mal à se manifester sur cette morne plaine, la jeune fille rentre bredouille alors que ses camarades sont en train de diner avec les vivres que transporte le yak.

Le lendemain tout le monde se réveille au chant joyeux d’un paisible dragon du beau temps. Celui-ci est installé sur l’épaisse branche d’un grand chêne et prend son envol vers l’ouest. La rosée délicatement posée sur l’herbe entourant le campement est agréable entre les orteils. Seule Aenith n’est pas très motivée pour se lever ce matin, cette première expérience de sommeil à la belle étoile l’a quelque peu déstabilisée.

Sanzoku no Musume Ronja (Goro Miyazaki, Polygon Pictures – 2014) (ArtD: Kaichi Fukudome, Sadaaki Honma)

C’est à présent un bois qui s’étend tout autour du groupe. Une odeur de sève, très agréable, empli les narines des jeunes gens. Le feuillage est particulièrement dense et vert en cette saison. L’endroit est assez calme et apaisant, bien qu’un peu plus compliqué à traverser à cause de quelques branches basses, buissons de ronces et irrégularités du terrain. Aenith repère un arbre à l’écorce gris cendré et suintant une sève noire visqueuse. C’est de la laque de l’ogre, une substance toxique, mais qui peut toujours être utile pour enduire une flèche en cas d’ennemis particulièrement dangereux.

Soudain, une colonie d’abeilles semble particulièrement active, elles s’approchent et bourdonnent près des oreilles des voyageurs. Tout le monde tente de ne pas paniquer pour ne pas énerver les insectes. Un vieil homme en tenue d’apiculteur accoure alors pour les rassurer. Le vieux monsieur les invite dans sa demeure, une confortable maison en bois entourée de ruches. Il s’appelle Gaspard et leur raconte qu’au même âge qu’eux il a effectué son voyage initiatique en compagnie de Mme Linghu. Le bon vieux temps est raconté ainsi pendant une bonne heure. Lorsque les voyageurs expliquent qu’ils doivent reprendre la route avant le coucher du soleil, l’apiculteur insiste pour leur offrir des biscuits au miel de sa confection. Il fait aussi part de son désir de revoir madame Linghu, mais il a besoin que quelqu’un le remplace aux ruches. Les aventuriers promettent de diffuser l’annonce dès leur arrivée à la prochaine ville. Après avoir fait leur adieu à Gaspard, les voyageurs terminent leur traversée du bois et aperçoivent en fin d’après-midi la cité de Clair-Mont-Ferraille.

Liyol, homme-dragon bleu

A suivre…