La ville de fer, des gobelins-chatons et un mangeroche

Personnages-joueurs présents :

Rubis – 16 ans – Le plus jeune, mais aussi le plus éduqué, aussi bien en escrime qu’en littérature.

Aenith – 17 ans – Respectée pour sa sagesse, elle a toujours ce qu’il faut pour soigner ses amis.

Ophélia – 17 ans – Paysanne et joueuse de flûte à ses heures, elle vit en harmonie avec les saisons. Elle est accompagnée d’un perroquet bavard.

Milulu – 18 ans – Chasseuse hors pair, elle est à l’aise dans les grands espaces.

Eguil – 18 ans – L’aîné du groupe. Minutieux et vif d’esprit, il ne rate jamais une bonne affaire. Il est accompagné d’un yak bruyant appelé Clafoutis.

Dans l’épisode précédent

Cinq jeunes gens du village de Vertevue débutent leur voyage initiatique qui doit durer un an. La tradition veut que le canyon de Saintombre, à quatre jours de marche, en soit la première étape. Ils sont accompagnés de la petite Léné, sept ans, qui doit rejoindre son père pour les vacances d’été dans une ville non loin de là.

Grimgar, le monde des cendres et de fantaisie (Ryousuke Nakamura, A-1 Pictures – 2016) (ArtD: Hidetoshi Kaneko)

Clair-Mont-Ferraille est une ville abritant près de 10 000 âmes, elle est dirigée par une dynastie à la réputation bienveillante. Elle s’étend tout autour du Mont Ferraille, une montagne solitaire qui fournit la roche utilisée dans la construction de tous les bâtiments de la cité. L’architecture est plutôt grossière en périphérie, mais à mesure que les voyageurs s’avancent vers les flancs de la montagne ils peuvent apprécier des façades richement sculptées. Une grande tour d’horloge surplombe les autres bâtiments, ses aiguilles et ses cloches rythmes la vie des habitants. La « Place du héros » se trouve non loin de là, au centre de cette place est érigée la statue d’un ouvrier de mine. Le panneau explicatif précise que cet homme est mort il y a une cinquantaine d’année après avoir sacrifié sa vie pour sauver tous ses collègues d’un effondrement de galerie. Au-dessus et en dessous des rues des chariots de mines en provenance ou en direction des mines du Mont Ferraille se déplacent sur des rails prévus à cet effet. L’odeur de charbon et de fer qu’ils transportent est omniprésente, mais elle est agrémentée du délicieux parfum de cuisine montagnarde à base de pomme de terre et de fromage. Léné ne peut pas s’empêcher de saliver en passant devant ces étals de nourritures, les voyageurs lui offre alors une petite assiette de tartiflette dont elle se régale.

Le soleil est à présent couché, les rues se vident. Le groupe choisi un dortoir au confort sommaire pour passer la nuit. Alors que la petite Léné est couchée, les autres se rendent dans le pub voisin. L’ambiance y est joyeuse, avec des joueurs de cornemuse et de nombreux ouvriers venus décompresser. Pendant qu’Ophélia tente un air de flute, sans grand succès, Eguil négocie quelques bouteilles de Baume au Coeur avec le patron. C’est un succès et le jeune marchand s’en sort avec une belle somme de pièces d’or. La soirée se termine autour d’un délicieux ragout de cocatrice.

Le lendemain le groupe s’attarde quelques heures aux halles de la ville. Ils y épinglent l’annonce concernant Gaspard et ses ruches. Dans un atelier de ferronnerie d’art Eguil achète un lot de colliers en fer typique du coin., Rubis se procure des chaussures de montagne chez un cordonnier, Aenith se fait un peu d’argent en effectuant une livraison de poisson frais pour un restaurant, quant à Ophélia, elle achète un petit veau à un éleveur dans l’espoir de le voir devenir une vache capable de leur fournir du lait plus tard pendant leur voyage.

5 centimètres par seconde (Makoto Shinkai, CoMix Wave Films – 2007) (ArtD: Makoto Shinkai)

A la sortie nord de la ville s’étendent des collines d’abord plutôt basses, puis aux pentes vertigineuses. Au loin, on devine les falaises du canyon sacré. Le temps est agréable, chaud, mais sans plus. L’herbe partiellement asséchée témoigne de la sécheresse qui a récemment touché les environs. Parfois une brise s’engouffre dans les vallées provoquant un sifflement et un courant d’air rafraîchissant. Au sommet d’une colline, Aenith trouve une campanule de rosée. C’est une large fleur excellente pour stimuler la confiance en soi.

La pause de midi se tient au pied d’une colline particulièrement raide et en partie couverte de buissons épineux. L’atmosphère est plutôt agréable, tout juste troublée par les sifflements de marmottes. C’est un moment agréable où l’on peut retirer ses chaussures et étendre ses orteils endoloris dans l’herbe fraiche. Soudain, une petite silhouette féline se glisse dans le dos de Léné… et lui vole ses chaussures ! C’est une gobeline-chaton.Tout en prenant la fuite elle cache les chaussures dans le pot de fleur qu’elle porte en équilibre sur sa tête.

Milulu s’élance à sa poursuite et la rattrape sans difficulté, elle lui chipe son pot de fleur et récupère les chaussures qui étaient à l’intérieur. La gobeline-chaton est furieuse, elle appelle à l’aide et soudain ce sont cinq gobelins-chatons qui viennent lui prêter main forte pour récupérer le butin.

Grâce à l’effort de tout le monde les petits gredins sont facilement mis KO et Milulu récupère cinq pots de fleurs mignons. Elle en conserve un et donne les autres à Eguil pour qu’il puisse les revendre. Tout cela a fait perdre un temps précieux au groupe, Rubis invoque alors une flèche magique capable d’indiquer le chemin le plus court.

Quelques heures plus tard les voilà au pied du canyon de Saintombre. Le soleil est déjà partiellement englouti par l’horizon, les parois des falaises sont encore chaudes et la lumière leur donne une teinte rougeâtre. Les voyageurs passent sous un portail de bois désignant l’entrée du sanctuaire. Juste après s’ouvre une place faite de mosaïques représentant le dragon local. Sur la gauche se tient une bâtisse de bois surmontée d’un écriteau « souvenirs du sanctuaire ». On y vend des peluches de dragon, dont une est offerte à Léné ainsi que du thé confectionné par les clercs du sanctuaire. Eguil se dit que c’est le genre de produit qui peut rapporter gros, il en achète une très grande quantité. Tout le monde part ensuite diner au monastère troglodyte d’où provient d’alléchantes odeurs de cuisine. Un dortoir est à disposition pour la nuit.

Grimgar, le monde des cendres et de fantaisie (Ryousuke Nakamura, A-1 Pictures – 2016) (ArtD: Hidetoshi Kaneko)

Le lendemain le groupe découvre avec joie qu’un petit-dejeuner est compris dans le prix de la nuitée. La confiture de myrtille et le pain grillé sont un régal. A l’extérieur l’air est déjà sec, tout le monde se met en route en direction du dragon.

Désormais au coeur du canyon, les voyageurs remarquent que les parois brunes se couvrent de lierre vert et de fleurs jaunes. Entre les falaises un petit torrent coule et résonne, il est bordé de buissons secs et cassants. Le chemin est parsemé de crottes de chèvres, elles sont assez nombreuses dans les environs, tout comme les condors et les lézards géants. Tous viennent se désaltérer ou bien pécher. En marchant le long du cours d’eau Léné est émerveillée en découvrant trois axolotls qui barbotent. Milulu en profite pour lui expliquer quelques trucs sur ces bestioles.

En fin d’après-midi le groupe arrive au pied du plateau au sommet duquel doit se trouver le dragon. Un escalier tourne tout autour des parois, mais il est parfois raide et son ascension est fatiguante. Soudain, un drôle de bruit se fait entendre au-dessus des têtes, de petits cailloux tombent. En levant les yeux le groupe découvre une grande créature ressemblant à une salamandre de roche. La chose se déplace et pousse un cri semblable à un grincement ! Elle bondit et barre le passage avant de s’avancer vers les voyageurs l’air menaçant… Léné pousse un hurlement de peur.

Grâce à un météore magique invoqué par Aenith et à un coup de lance d’une puissance phénoménale de la part d’Ophélia, la créature tombe KO. Milulu récupère sur son corps deux rations d’une solidité proche de la pierre mais qu’elle considère tout de même comme comestibles. Plus de peur que de mal, Léné peut sécher ses larmes dans la fourrure de Clafoutis et tout le monde se remet en marche.

Enfin le groupe atteint son but. Le sommet du plateau est splendide, c’est une vaste étendue de fleurs jaunes. En son centre est paisiblement endormi le dragon du canyon. Il est lui-même fait de roche et recouvert de fleurs, si bien qu’on a l’impression qu’il ne fait qu’un avec le paysage.

Milulu donne en offrande de nombreux souvenirs de son voyage : du fer de Clair-Mont-Ferraille, des poils de gobelin-chaton et un biscuit au miel. Rubis offre ses chaussures de marche et Aenith un sachet des feuilles de thé provenant de la boutique de souvenir. Ophélia et Eguil, un peu plus avares que les autres, se contentent d’un baiser sur le front… Léné vient de terminer un dessin d’axolotl qu’elle dépose au pied de la noble créature.

Malgré toutes les émotions de ces derniers jours la fillette déborde d’énergie. Folle de joie elle saute au cou des voyageurs pour leur faire un câlin, elle leur confie que ce sont les plus belles vacances d’été de sa vie. A l’ouest on peut voir le soleil se coucher, c’est un paysage à couper le souffle. Les dragons du beau temps qui tournaient haut dans le ciel depuis le début de la journée volent en direction du soleil couchant, tout en poussant de chaleureux cris d’au revoir. C’est le plus beau panorama que les cinq jeunes de Vertevue aient eu l’occasion de voir et le voyage ne fait que commencer…

Liyol, homme-dragon bleu

A suivre…