Cette aventure se déroule trois ans après le voyage intitulé « Urwin », publié le 16 mars 2019. On y retrouve les personnages de Aenith et Ruby qui s’embarquent dans une nouvelle aventure.

Personnages-joueurs présents :

Aenith

20 ans – Suit les traces de sa mère en tant qu’herboriste et guérisseuse respectée de Vertevue.

Citrus

15 ans – Jeune dresseur de monstres naïf et motivé. Il a une grande affinité avec les animaux.

Ruby

19 ans – Jeune héritier du Manoir de Vertevue. Escrimeur de talent et passionné par les gemmes.

Yugarlan

Le combat est acharné. La plante carnivore semble être capable de se regénérer en agrippant ses adversaires à l’aide de ses tentacules et quatre morts-vivants viennent lui prêter main forte. Les flèches de Citrus et les météores magiques d’Aenith pleuvent sur leurs adversaires, pendant que Ruby, armé de son stiletto, plonge au cœur de la bataille. Alors que le groupe est en mauvaise posture, le souffle de Liyol parcours le champ de bataille et guide la lame du noble escrimeur droit sur le point faible de la fleur. Elle se recroqueville alors, ses pétales tombant les uns après les autres et disparait dans le sol.

Une fois le combat fini, un jeune couple accompagné de deux enfants, tous les quatre particulièrement beaux, sortent de la brume. Ils sont blonds aux yeux rouges et sont vêtus de peignoirs en soie. Sans que l’on sache pourquoi, leur simple présence donne la chair de poule aux voyageurs. Leurs attitudes comme leurs manières sont impeccables, et il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’une famille noble particulièrement bien élevée. Ils se présentent comme le comte et la comtesse Yugarlan accompagnés de leurs héritiers. D’abord surpris de voir l’une de leurs fleurs de souffre détruite, ils ne tardent pas à comprendre que Pilotis-sur-Bain ne se trouve plus ici et s’excusent sincèrement lorsque les voyageurs leur explique les troubles qu’ils ont causés. 

La famille vampire des Yugarlan a l’habitude de se rendre à Pilotis-sur-Bain pour se délasser, mais leur dernière visite remonte à 30 ans. A l’époque, le village se trouvait encore à l’herberai. Lorsqu’ils découvrirent le lieu désert et la source détournée ils convoquèrent un grand nombre de morts vivants pour barrer le canal et rebâtir les lieux… à leur goût. Ils ne connaissent rien de plus beau que les couleurs chatoyantes et l’odeur entêtante des fleurs de sources carnivores.

Afin de détruire au plus vite le barrage qui bloque l’écoulement de la source, Yugarlan convoque toute sa cour, qui prenait du bon temps dans la copie du Vin des Neiges. Une centaine de zombies, squelettes, momies, vampires, cavaliers sans tête, renards ardents, dames-aux-neuf-assiettes et autres créatures mortes-vivantes apparaissent et règlent le problème en quelques minutes. Ils sont tous très polis et proposent même des friandises. Les voyageurs sont soulagés, mais quelque peu inquiets de la réaction des habitants de Pilotis-sur-Bain lorsque ce cortège macabre déboulera au village pour faire la fête. Ils demandent alors aux Yugarlan de patienter quelques heures avant de les suivre, le temps de prévenir tout le monde.

La neige commence à tomber alors que les trois jeunes aventuriers atteignent Pilotis-sur-Bain. Derrière eux, une sorte de brume phosphorescente, un peu inquiétante, semble les suivre au loin. A l’écoute de cette surprenante histoire les villageois ne se démontent pas et décident d’accueillir chaudement ces étranges clients. Au coucher du soleil, la parade infernale fait son entrée et tout le monde profite des festivités. Les voyageurs sont récompensés en pièce d’or, et les Yugarlan, pour s’excuser, les invite à partager un bain chaud avec eux. Et malgré quelques petits incidents, comme un cavalier sans tête aviné ou une dame-aux-neufs-assiettes trop affectueuse, pour une nuit, les rires des vivants et des morts résonnent de concert.

La Mélancolie de la Futakuchi Onna.

L’odeur des bains parfumés envahit les rues à l’heure du crépuscule. Un grand festival est improvisé pour subvenir aux demandes de divertissement de la monstrueuse parade de morts-vivants qui envahie les rues. Le bruit de la vaisselle et des stands que l’on dresse est accompagné des rires et des négociations de zombies et autre yokais. Le froid de l’hiver est compensé par la chaleur de la vapeur d’eau, ce qui rend la température agréable. Le soleil couchant teinte le ciel d’un magnifique rouge violacé et, petite à petit, le fragment de Coquille Céleste, qui fait office de lune dans ce monde, se lève. Il n’a jamais été aussi gros cette année.

Devant le Temple du Dragon des Rivières, le principal lieu de culte du village, un stand de brochettes a été installé. Emma, une femme yokai au regard triste, est assise dos à son assiette pendant que sa longue chevelure munie d’une bouche dévore d’impressionnantes quantités de nourriture. En face d’elle une autre yokai, dont le cou mesure plusieurs mètres de long, ainsi qu’un squelette, semblent tristes de voir leur amie déprimer ainsi.

Au moment où le groupe s’approche Emma quitte la table et disparait à l’intérieur du temple pour prier les dragons. Ses deux camarades expliquent aux voyageurs que cette yokai avait espoir de trouver son frère Pablo dans ce village. Il s’agit d’un peintre et la dernière volonté d’Emma avant de mourir était de servir de modèle à son frère. Malheureusement, Pablo est introuvable… Le groupe et les amis d’Emma se mettent d’accord pour interroger un maximum de festivaliers afin d’obtenir des informations sur où se trouve Pablo.

La température baisse durant la soirée. Le rythme des morts-vivants ralentit, mais les affaires continuent à battre leur plein. Les enfants se courent après et se bousculent entre les stands de nourritures et de jeux. Les adultes et les morts-vivants discutent tout en souriant autour de l’étang. En menant tout au long de la soirée une série d’interrogatoires auprès du maire, du Comte Yugarlan et des marchands itinérants, les voyageurs apprennent bien des choses sur Pablo.

Il s’agit de l’original du village, il est toujours accompagné de ses animaux de compagnie – des rouges-gorges, des colibris et des mésanges – qu’il a longuement peints. Ceux-ci lui indiquent quel temps il fera dans les prochaines heures. Récemment il se serait mis en tête de peindre les Portes-Bonheur – un endroit légendaire qu’on dit situé dans le ciel et permettant de réaliser le vœu de celui qui parvient à les ouvrir. Enfin, il y a deux jours, il aurait été vu en train de poser beaucoup de questions à une famille de bergers venue vendre du fromage et de la laine. Il voulait savoir s’ils avaient déjà vu Vatan, le géant d’or du Pic des Glaces. Le peintre semblait se questionner sur la véracité des légendes que l’on raconte à propos de cet être légendaire – certains prétendent que le géant serait capable de voler – et aurait ensuite pris la route de la Tour de Basel, une grande cité montagnarde située à deux jours de marches, au pieds du Pic des Glaces.

Le chemin de la montagne

Le lendemain le groupe se prépare pour un voyage de deux jours en direction de la célèbre Tour de Basel. Citrus se lève un peu plus tôt afin d’entreprendre un rituel d’invocation. Il fait apparaitre au milieu de sa chambre ce qui ressemble à un jouet de fer-blanc d’environ cinquante centimètres, animé et représentant un soldat. La création magique semble méfiante face à son maître et brandit une minuscule épée rouillée et à la lame complètement émoussée.

Le jeune dresseur guide le petit soldat jusqu’à la forge voisine afin de le doter d’une arme comme neuve. Bien qu’incapable de le remercier par la parole, le soldat de plomb exécute des gestes sans équivoque : il obéira désormais au doigt et à l’œil à son créateur.

Le premier jour, le groupe traverse un paysage de hautes collines, dont les pentes sont gagnées par les broussailles, puis par les arbres, en particulier des mirabelliers. La couverture nuageuse empêche de voir très loin, mais on devine tout de même au nord une haute chaine de montagnes. De temps en temps des pierriers et terrasses indiquent la présence d’anciennes parcelles cultivées. Au sommet des collines les herbes basses voient fleurir des orchidées et abrite divers insectes et petits reptiles. Au sommet de la plus haute colline on peut apercevoir un monument dressé à l’effigie d’un dragon d’une vingtaine de mètres de hauteur. C’est typiquement le genre d’endroit où pousse la Campanule de Rosée. Aenith en profite pour en cueillir une fleur qu’elle range dans sa bouteille d’herboriste.

En  fin de journée, marchant au pied d’une colline particulièrement escarpée dont le flanc forme une véritable falaise de roche nue, les voyageurs découvrent des formes étranges et merveilleuses. C’est comme si un artiste particulièrement minutieux avait dessiné au crayon des algues, oursins et étoiles de mer avec une précision et une méticulosité maniaque. Mais l’érudition de Ruby ne le trompe pas. Il s’agit de fossile. Ici, il y a bien des années, nageaient les dragons des mers. Epuisez, tout le monde s’accorde pour monter le camp à cet endroit.

Tout au long de la seconde journée de voyage, le silence règne. Il n’est brisé que par le bruit des bottes et par le souffle des voyageurs. Ils arpentent désormais un défilé rocailleux creusé par un ancien cours d’eau à travers un pli calcaire du piémont. Les hautes montagnes sont désormais bien distinctes et les toisent à quelques kilomètres au nord. Le relief est chaotique, le groupe doit sauter par-dessus de nombreuses cavités, et contourner tant bien que mal des falaises d’une trentaine de mètres de haut. La neige est tombée récemment et les zones à l’ombre sont encore toute blanches.

C’est dans ce genre de recoins humides que prospère une plante vivace aux grandes feuilles recouvertes d’un liquide collant vert pâle que Aenith appelle « La Paume du Géant ». Le temps de la cueillette les garçons s’adonnent chacun à leur propre occupation. Citrus invoque un nouveau Soldat de Plomb. Celui-ci est plus agressif et arbore une armure de bronze étincelante. Encore plus méfiant que celui de la veille, ce jouet charge immédiatement Citrus avec une lance. Le dresseur comprend que le meilleur moyen de s’en faire un ami est de lui présenter un adversaire à sa taille. Une fois présentés, les deux petits soldats fraternisent en s’échangeant leurs armes. Ruby, quant à lui, explore le sommet de la falaise où il remarque des colonnes à moitié brisées et la présence de murs effondrés. Cette construction lui semble très ancienne et il en conclu qu’elle devait jadis avoir l’allure d’une fastueuse villa s’il en croit les restes de mosaïques à l’effigie de dragons.

La Tour de Basel

S’il fait plus froid encore que durant l’après-midi, la vision offerte par le début de soirée réchauffe le cœur des voyageurs. Après avoir suivi un sentier de caillasse plein de promesse ils finissent par apercevoir des traces de bétail, puis des pavés et enfin une grande vallée balayée par des vents violents. Au milieu se dresse l’immense Tour de Basel.

Les dimensions de la tour semblent surnaturelles. Sa base mesure près d’un kilomètre de diamètre et elle est si haute que son sommet est difficile à distinguer parmi les nuages. Tout autour, dans la montagne se trouve des mines de « sel de roche ». La spécialité locale qui, une fois broyé, est très appréciée dans toutes sortes de plats.

A l’intérieur le rez-de-chaussée ressemble à une immense place contenant de nombreux bâtiments, principalement des entrepôts, commerces et étales de marchands. Les odeurs de bougies et de lampes à huile, très utilisées pour s’éclairer à l’intérieur, embaume les lieux. Le vent est si fort qu’on l’entend encore à l’intérieur. Pour y remédier chaque habitation semble équipée de petits orgues de barbarie automatiques qui diffusent de la musique.

Au cours de leur visite ils découvrent un amphithéâtre contenant « La Grande Jarre Démocratique ». Placée sur deux axes rotatifs il est possible de faire tourner cette jarre afin de mélanger et déverser des boules colorées dans un ordre aléatoire. Il s’agit de la méthode de vote par tirage au sort qui a cours dans cette cité.

Une chose étrange attire l’attention, des ornements d’assez mauvais goûts tels que des têtes de monstres sculptés et des armures géantes menaçantes semblent avoir été récemment sculptées par magie dans les murs. Les locaux expliquent aux voyageurs qu’il s’agit de l’œuvre d’une jeune femme dragon rouge ayant visité récemment la ville et répondant au nom de Shion. Particulièrement immature et hyperactive elle aurait partiellement transformé l’endroit selon ses goûts.

L’une des spécialités locales est la « Brioche Guimauve ». Une brioche si tendre qu’elle aurait la texture d’une guimauve. C’est dans la boulangerie d’un certain Kragan qu’elle est fabriqué. Là-bas les voyageurs font la rencontre de cet artisan taciturne. Il est sur le point de partir en voyage pour retrouver sa fille Erin. Cette jeune fille de 16 ans aurait suivi trois aventuriers guidés par Shion, la femme dragon rouge. Parmi ces aventuriers se trouve un peintre accompagné d’oiseaux domestiques. La piste de Pablo se précise !

Kragan hésite longuement à laisser les Aenith, Citrus et Ruby l’accompagner dans la montagne, c’est un homme taciturne et pragmatique, mais face à l’insistance du groupe il fini par accepter. Le départ aura lieu demain à l’aube, à condition que le groupe s’équipe correctement, le Pic des Glaces où se trouverait Vatan est une région particulièrement dangereuse. Plus haut dans la tour le groupe trouve une échoppe de matériels d’escalade et de randonnées. Vestes de fourrures, chaussures de montagnes, dévale-pentes, bonnets… Les voyageurs ne comptent pas les dépenses, l’affaire est sérieuse.