Où la compagnie mène l’enquête au fil de l’eau.
Personnages-joueurs présents :
Mars Orya, elfe monte-en-l’air
Helena Kramer, humaine avocate
Kastor Lieberung (ex-Lambertus), humain initié de Morr et son cheval de guerre Verra
Lotte Pfaffen, humaine chasseuse
Samy Cruchedor, halfling franc-archer et son canard qui tousse Brogriadoc
Dans l’épisode précédent
La Compagnie de Talabheim a sauvé la cité Reiklandaise de Bögenhafen de la menace d’une secte chaotique. En fouillant le bureau de la sorcière qui dirigeait cet ordre impie, le groupe découvre une lettre provenant de Grissenwald, au sud de la région. Elle aurait été écrite par une certaine Etelka Herzen. Il s’agit manifestement d’une autre cultiste du Chaos mettant l’Empire en péril.
Qui sont ces étrangers ?
Extrait du discours du crieur public d’Altdorf, deux semaines après les événements de Bogenhafen:
« Citoyens, approchez ! Beaucoup ici se demandent encore ce qui est arrivé aux cieux majestueux de notre Empire, la nuit du quatrième jour du Temps des Labours, où l’astre aimé de Morr s’est approché plus que de coutume et a inondé la terre de sa lueur verdâtre. Tendez l’oreille et vous aurez toutes les réponses disponibles à ce jour.
Tout cela semble tirer ses origines d’un lieu fâcheusement proche de nos murs : la cité libre de Bögenhafen, à moins de 150 kilomètres au sud-ouest. Sachez que le Conseil Municipal de cette cité, ainsi qu’un nombre non négligeable de représentants de leur Guilde des Marchands, n’existent désormais plus qu’à l’état de cendres. Tous ont été brûlés en place public pour hérésie, par une foule de citoyens les accusant tous d’être des sorciers au service des dieux sombres. Une pieuse colère qui semble tout à fait justifiée au vu de la teneur des grimoires et accessoires ayant été retrouvés en la demeure de ces hérétiques. Aujourd’hui Bogenhaffen est en ébullition. Les citoyens les plus influents essayent de se faire une place parmi les nombreux sièges désormais vacants du conseil pendant que dans les quartiers populaires on se revend les pillages de la «Nuit du Chaos ». Mais comment un réseau si bien infiltré a-t-il été mis à jour me demandez vous ?
Hé bien, selon des témoins, et en particulier le seigneur Bretonnien Bohémont de Languille qui était venu pour participer à un tournoi de chevalerie, l’enquête aurait été menée par une poignée de singuliers vagabonds. Des voyageurs vivant sur le fleuve et que certains appellent « La Compagnie de Talabheim », « Les promeneurs de canards », « Les étrangers fouille-merde » ou plus sommairement « Les autres là, ceux avec l’elfe »… Bien des mystères entourent ces voyageurs. La plupart du temps ils seraient cinq, disposeraient d’un valet halfeling (à moins que ce ne soit leur cuisinier) et d’un canard. Ils ne semblent pas avoir de chef en particulier même si l’elfe parmi eux parle souvent plus fort que les autres. Lorsqu’on les interroge sur le but de leur voyage ils répondent humblement « Hé bien… On chasse les… le Chaos, tout ça. Si ça semble louche on intervient.» avant d’ajouter, souvent «Au fait, n’auriez vous pas une petite Couronne d’Or ? C’est pas qu’on fait ça pour l’oseille mais voyager c’est pas gratuit.».
L’un d’entre eux se nommerait Kastor Lieberung. Il serait l’héritier d’une riche famille de la ville mais, suite à la « Nuit du Chaos » on a pu l’observer en robe de Compagnon du Silence, dans le jardin de Morr. On raconte même qu’il aurait abandonné sa chevelure et toute sa fortune pour la remettre au culte du dieu des rêves (la fortune, pas la chevelure)… C’est assurément un comportement digne d’un saint homme et, si vous voulez l’avis de votre crieur public, je pense que toute aide pour lutter contre l’ennemi intérieur est la bienvenue. Aux dernières nouvelles ces vaillants « répurgateurs itinérants » seraient à nouveau sur les eaux du Reik à bord d’un voilier fourni par la nouvelle Guilde des Marchands. Alors, chers citoyens, si un jour vous croisez de curieux voyageurs accompagnés d’un canard, montrez vous reconnaissant à leur égard. C’est peut-être grâce à eux que nous ne sommes pas envahis par les démons. »
Glorieux pinson
De l’opinion générale de la Compagnie de Talabheim, Glorieux Pinson est un nom qui manque de prestige et ne constitue pas une bonne base pour de futurs chroniques. C’est pourtant le nom de leur nouvelle embarcation. Elle leur fut offerte il y a quelques jours par la guilde des marchands de Bogenhafen, en même temps que trois chevaux et un poney, en échange de leur service héroïque et il aurait été prétentieux de refuser un tel cadeau sous prétexte que son nom «manque de prestige ». Le Glorieux Pinson donc, vogue sur le Reik en direction de la ville de Grissenwald. Dans cette modeste cité située à près de 200 kilomètres au sud se terrerai l’une des complices de l’Ordo Septenarius, la secte chaotique de Bogenhafen.
Après quelques jours de navigation, un corps flottant sur les eaux du fleuve et venant cogné contre la coque du voilier attire l’attention des voyageurs. Trois carreaux d’arbalètes sont fichés dans le thorax de cet homme d’âge mûr récemment décédé. Soudain, Samy aperçoit une étonnante silhouette perchée sur un grand marronnier de la rive Est. La forme bondit. Les ailes de chauve-souris dans son dos ne laissent pas de place aux doutes : c’est une mutante du chaos. Son ignoble mutation lui permet de fendre les airs, pointant une lance en direction des voyageurs. En moins de dix secondes Samy décoche deux flèches dont l’une transperce mortellement l’abdomen de la créature et l’autre la désarme. Lotte expédie un troisième projectile dans sa jambe. Lorsque la harpie se pose sur le rebord du navire elle est déjà à l’agonie et sans défenses, elle vomie ses entrailles aux pieds des aventuriers qui ne tardent pas à l’achever avant de l’envoyer par-dessus bord. C’est alors qu’ils remarquent un autre monstre, celui-ci est agrippé à la coque du Glorieux Pinson à l’aide des deux longs tentacules qui lui servent de bras. Malgré quelques sueurs froides les bras de l’homme-pieuvre sont rapidement découpés en tranches et il fini par fuir, mortellement blessé, dans les eaux du fleuve.
Un peu plus tard, alors que Kastor enterre le corps du malheureux marchand à l’aide de sa pelle bénie, Lotte part explorer la berge tandis que les trois autres font avancer le navire. Ils se rendent compte alors que plusieurs autres marchands ont perdus la vie et ont été jetés par-dessus bord. Le bateau d’où ils proviennent fait voile vers le sud. Une silhouette apparaît sur son pont et projette des carreaux d’arbalète en direction du Glorieux Pinson. La compagnie décide alors de profiter que le vent souffle dans la bonne direction pour rattraper leurs assaillants. Grâce aux conseils en navigation que Josef leur a prodigué avant de les quitter, Mars et Samy parviennent à rapprocher suffisamment leur embarcation pour s’apercevoir que l’arbalétrier ressemble à un être homme ordinaire, mais dont la bouche et le nez sont remplacés par un bec d’oiseau. C’est encore une fois la dextérité à l’arc du halfeling qui permet d’abattre ce mutant. C’est alors qu’un quatrième individu, une femme entièrement couverte de poils, surgit de la cabine et plonge tout droit dans le fleuve pour prendre la fuite. Mars la touche avec son arbalète de poing ce qui lui fait stopper progressivement sa nage. Lotte remonte le corps à l’aide d’une corde nouée en lasso, mais il est trop tard pour interroger la créature, elle a succombée à ses blessures.
Le navire sur lequel se trouvaient les mutants s’appelle Le Trône et tout l’équipage semble avoir été abattu sans pitié. Parmi les cadavres de marchands, deux hideux cadavres de mutants gisent sur le pont. L’un possède un crâne squelettique et l’autre est une femme aux jambes d’oiseaux et dont l’œil unique se trouve au bout de son nez. Kastor décide d’explorer la cale où sont entassés des dizaines de caisses de laines brutes. Dans la pénombre de la pièce, il semble avoir vu l’une des caisses bouger. Le couvercle n’est pas cloué, le clerc commence alors à l’ouvrir … En une fraction de secondes un jeune homme surgit tel un diable dans sa boite en hurlant « Mourrez sales mutants ! » et plante rageusement un poignard dans l’aine de Kastor. Foudroyé par la douleur, celui-ci se recroqueville en hurlant et tout se fait noir autour de lui.
Un bien triste spectacle
Les blessures de Kastor sont stabilisées tant bien que mal et il récupère peu à peu grâce à l’infusion de lierres terrestres achetés à un apothicaire avant le départ. Sa blessure est néanmoins sérieuse et il lui faut un certain temps avant de pouvoir marcher correctement. Le responsable s’appelle Ranulf, un colporteur. Suite à la « Nuit du Chaos » ce jeune homme de vingt-trois ans a pris la décision de monter à bord du Trône afin de s’éloigner du Reikland. Lorsque les mutants ont attaqués il a renoncé à défendre le navire pour se cacher dans une caisse de marchandise. Penaud, il propose à la Compagnie de Talabheim de les accompagner, afin de les aider à écouler la cargaison de laines du Trône pendant qu’ils mènent leur enquête (selon Helena, ce navire est désormais considéré comme épave et ils en sont les bénéficiaires légaux). Le Trône est donc vendu dans la ville de Wittgendorf et la laine est transférée dans la cale du Glorieux Pinson. Deux jours de navigation plus tard le groupe parvient enfin à Grissenwald par une fin d’après-midi pluvieuse. Pendant que Ranulf garde la marchandise ainsi que les chevaux, les cinq aventuriers partent à la pêche aux informations à la taverne local.
Dans cet établissement correct, mais peu impressionnant, Samy rencontre un personnage particulièrement bavard. Un homme du cru travaillant dans un atelier du bourg. Concernant Etelka Herzen il sait peu de choses, cette jeune noble ne quitte que très rarement son domicile, par contre il évoque à plusieurs reprises de sérieux problèmes avec la population naine de Grissenwald qui seraient, selon la plupart des habitants, « une belle bande de salopards ».
Peu après débarquent justement deux nains particulièrement éméchés. Rapidement ils arosent Mars d’une farandoles d’insultes évoquant l’odeur supposée des elfes et leur prétendue stupidité. Il n’est pas dans le tempérament de la voleuse de se laisser marcher sur les pieds et les provocations prennent le virage de la baston de taverne lorsque l’un des nains saisie rageusement une bouteille de vin dans l’optique de la fracasser sur le crâne de son interlocutrice. Le tavernier ainsi que plusieurs clients insistent pour que tout cela se passe à l’extérieur. Les voyageurs relèvent le défi, à l’exception de Kastor, encore diminué par sa blessure, qui s’installe au balcon pour avoir la meilleure vue possible sur ce qui allait suivre.
L’arène se compose d’une rue boueuse et brumeuse où la bruine suffit à tremper les vêtements et les cheveux. En ce qui concerne l’affrontement qui suit on ne peut pas dire qu’il glorifia l’image de la Compagnie dans le secteur. La joute se compose de furieux coups de poings, de sournois crocs en jambes, de morsures et de tirages de cheveux abondamment accompagnés de tout un florilège de grognement et d’insultes. Ce triste spectacle se termine en quelques roulades dans la boue sous une pluie qui a gagné en intensité au cours des deux minutes que durèrent la mêlée. La supériorité numérique de la Compagnie de Talabheim leur permet d’immobiliser les deux ivrognes et de les livrer à la sergente de la milice qui intervient. Convaincue sans plus d’explication que les nains ne pouvaient être que responsables de ce désordre, la femme d’arme se contenta de conseiller aux voyageurs de ne plus répondre à leurs provocations avant de leur souhaiter une bonne nuit.
A suivre…
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