Cette aventure se déroule trois ans après le voyage intitulé « Urwin », publié le 16 mars 2019. On y retrouve les personnages de Aenith et Ruby qui s’embarquent dans une nouvelle aventure.
Personnages-joueurs présents :
Aenith
20 ans – Suit les traces de sa mère en tant qu’herboriste et guérisseuse respectée de Vertevue.
Citrus
15 ans – Jeune dresseur de monstres naïf et motivé. Il a une grande affinité avec les animaux.
Ruby
19 ans – Jeune héritier du Manoir de Vertevue. Escrimeur de talent et passionné par les gemmes.
Dédale de glace
Le lendemain matin, le groupe arpente les chemins de montagne couverts de neige au nord de Basel. A l’horizon se détache, haut et menaçant, le gigantesque Pic des Glaces. L’après-midi du premier jour de voyage, le groupe atteint un glacier. L’endroit est manifestement une attraction touristique, preuve en est la buvette « Le Chalet de Celes » construite au bord de la masse de glace. La tenancière est endormie, mais le groupe préfère ne pas la réveiller et déposent quelques pièces d’or dans la caisse avant de se servir une boisson agrémentée de glaçons taillés directement dans le paysage. Ce repos est soudain troublé par un cri. C’est la voix de Kragan.
L’homme est retrouvé à genou et désespéré face à l’entrée d’une caverne de glace sculptée de manière incongrue et d’assez mauvais goût, pour ne pas dire ringard. Des bas-reliefs et des statues excessivement violentes et monstrueuses, exactement comme les sculptures de la Tour de Basel. Kragan souffle « Ma caverne… Ma caverne de glace sauvage et parfaitement préservée où j’aime tant me ressourcer dans le silence et la solitude d’une nature sauvage. Cette femme dragon me l’a saccagée. Regardez toutes ces excentricités ! Ça me dégoûte ! C’est révoltant ! Et elle mène ma fille vers ce géant mortel ! »
Liyol arrive et s’explique sur les évènements dangereux qui ont lieux : c’est l’œuvre de Shion, la femme-dragon rouge. Ça se voit. Shion est une femme-dragon immature (elle a 2400 ans, elle est donc en pleine crise d’adolescence). Cela explique le mauvais gout. Je vais essayer de la raisonner, mais il faut d’abord mettre la main dessus.
Après avoir campé devant l’entrée le groupe s’avance. L’endroit est plongé dans le noir. Une fois éclairé il apparait que la caverne est devenue un véritable donjon. Les couloirs s’enchaînent tel un labyrinthe sans aucune cohérence. Des rires démoniaques de gobelins cafards retentissent au fond des couloirs. Au bout de six heures à arpenter cet endroit les voyageurs débouchent sur une grande salle au milieu de laquelle se trouve une unique statue de glace en forme de chevalier armé d’une grande hallebarde. A l’intérieur de ce glaçon est prisonnier un gobelin cafard.
Le combat est acharné, mais avec l’aide de Kragan et des deux soldats de plombs de Citrus, le gobelin cafard perd petit à petit son armure de glace. Il fini par tomber dans une crevasse dans le sol. Une fois le monstre vaincu, une porte au bout de la salle s’ouvre comme par magie. Dans une alcôve se trouve un coffre, à l’intérieur une armure magique parlante incapable de savoir d’où elle vient, ni comment elle est arrivée là. Citrus s’en équipe.
Un peu plus loin, alors que la nuit est tombée, les voyageurs atteignent enfin la sortie. Le ciel est toujours aussi couvert et sa blancheur se confond avec la neige qui recouvre tout sur ces hauteurs. Les aventuriers sont saisis par le froid, mais c’est pire lorsqu’ils s’arrêtent. L’air se fait de plus en plus rare à cette hauteur et le simple fait de respirer commence à les faire souffrir. Seul une immense silhouette doré brillant se distingue au loin. Vatan est là, adossé à la montagne.
Le camp est monté par Ruby, il installe sa yourte comme un chef, malgré les conditions difficiles. En déballant les vivres il se rend compte que celles-ci se font rares et décide de transformer quatre d’entre elles en rations de choix au goût de baume au cœur grâce à sa magie. Par contre, l’eau commence à manquer.
Vatan
L’ascension du lendemain est longue et ardue. Les voyageurs doutent et frôlent le découragement suite à l’égarement de la flèche-boussole magique de Ruby. Ce n’est qu’au cœur de la nuit que le groupe, exténué, s’aperçoit que la silhouette du géant d’or est finalement à portée de main. Ses dimensions semblent défier l’imagination. La créature est haute d’une centaine de mètres. Elle ressemble à un humanoïde aux formes cubiques dont la surface dorée éclatante renvoie la lumière du soleil et éblouie les alpinistes.
Au moment où ils l’abordent la gigantesque créature se lève et gronde en direction des voyageurs. « VATAAAAAN! » Gus s’emballe, et risquent de se perdre en montagne. Les yeux du géant semblent éteints, deux trous béants dans sa tête, et il reste sourd aux supplications. Citrus se charge de calmer le poney pendant que les autres commencent à s’occuper de Vatan.
Aenith tente de l’endormir avec sa magie de l’hiver, Ruby le rend las grâce à sa magie de l’été, Citrus se faufile derrière son dos et Kragan tente d’escalader la statue pour atteindre la tête. En vain. Le monstre est immense, il voit tout, absorbe une grande quantité de magie, et le moindre de ses mouvements provoque des secousses mortelles qui font chuter ses assaillants.
Ruby manque de mourir d’un plat de la main du géant, heureusement c’est le moment que Liyol, l’homme-dragon, choisi pour apparaître. En prenant sa forme draconique il s’interpose et absorbe le choc. En urgence Aenith fabrique une potion de soin avec la dernière unité d’eau qu’il reste et la passe à Ruby qui part se dissimuler dans un refuge de montagne en ruine pour reprendre ses esprits et prendre le temps de bien observer les mouvements du géant.
Soudain, il lui vient une idée. Le jeune noble s’élance près de Citrus pour invoquer la draconica encyclopedia. Un grimoire magique contenant toutes les connaissances concernant les monstres. Citrus parcours en hâte les paragraphes consacrés à Vatan. Il y apprend qu’il s’agit d’une création magique inventée par des œufs-qui-marchent venus de la Lune.
Usant de son autorité de Dresseur de Monstre, tout en attirant l’attention de Vatan avec un fumigène trouvé dans un sac d’aventurier abandonné dans la neige, Citrus dit : « Je connais les œufs euh… brouillés, œufs mollet, euh… au plat. Non. »
Sous le coup du stress et de l’émotion le jeune garçon perd tout ses moyens et s’embrouille. Son autorité de dresseur n’est que l’ombre d’elle-même. Vatan s’énerve, mais Liyol débarque à nouveau sous sa forme d’homme-dragon. Il lui chuchote à l’oreille ce qu’il faut dire. Citrus répète.
« Oh Vatan, fils des Œufs-qui-Marchent. Création fabuleuse de la Coquille Céleste si grande dans le ciel. Je t’ordonne de cesser de t’opposer à moi. Laisse-nous monter dans ta carcasse brillante et je t’aiderai à retrouver les tiens. J’en fait le serment ! »
A ces mots Vatan cesse de combattre, il s’agenouille et accepte Citrus en tant que nouveau pilote.
Les regrets de Shion
L’intérieur de la tête est rempli de structures dorées finement ciselées, comme des meubles en or massif encastrés dans les parois, mais le tout est recouvert de neiges. Un long toboggan situé dans la bouche fait dégringoler les voyageurs dans l’estomac. Il fait complètement noir et il est difficile de maintenir son équilibre, mais la température est curieusement idéale et l’air est sec. A la lumière, l’endroit impressionne par sa grandeur. Il se révèle être encombré de dispositifs très étranges semblables à des objets magiques, encastrés dans les murs, gravés dans le sol ou imbriqués dans des meubles d’or et de diamant. Boules de cristal, runes, pentagrammes, miroirs d’obsidienne…
Parmi l’immense étendue dorée, les personnages aperçoivent le groupe d’aventurier de Shion, la jeune Femme Dragon Rouge. Celle-ci explique avec fierté que son groupe d’aventuriers, le plus courageux de tous les groupes d’aventuriers, a attiré l’appétit du géant qui l’a mangé. Une histoire épique et trépidante qui rendra accroc le dragon de l’été. Toutefois cette mésaventure a épuisé la quasi-totalité de son souffle et les pauvres humains qui l’ont suivie, dont font partie Erin et Pablo, sont à bout de forces, blessés et découragés. Ils accueillent avec d’autant plus de joie l’arrivée des personnages. Erin en particulier retrouve avec émotion son père Kragan.
Pablo se trouve à quelques dizaines de mètres au-dessus, assis sur le bord d’une passerelle d’argent et de cristal. Même à l’intérieur, il n’a pas quitté son chapeau de paille où les oiseaux ont fait leur nid. D’ailleurs, quand les volatiles voient arriver les personnages, ils se mettent à chanter, heureux d’avoir un peu plus de compagnie. Lorsqu’il apprend que sa défunte sœur l’attend à Pilotis-sur-Bain, le peintre n’a qu’une hâte, atteindre pour de bon les Porte-Bonheur afin de la faire revenir dans le monde des vivants.
Pendant ce temps une dispute éclate entre Shion et Liyol. L’homme dragon bleue tente d’expliquer que sa jeune collègue devrait réintégrer les bancs du collège des hommes dragon afin de finir sa formation. L’échec de cette aventure révélant son manque de préparation. Mais Shion refuse fermement, rassemble le peu de souffle qu’il lui reste pour fuir Liyol. C’est un échec, un souffle de Malchance de la part de ce dernier contrecarre son plan. Shion prend enfin conscience de son manque d’expérience et s’excuse. Réparant automatiquement les créations magiques de mauvais gout qu’elle avait laissé sur son passage. Frimas, l’armure de glace parlante de Citrus, se volatilise également.
En s’approchant des appareils Citrus comprend immédiatement comment les utiliser et fait s’envoler le géant droit vers la coquille céleste. L’astre trône seule, immense, blanche et brillante, dans le ciel. Les héros plissent des yeux devant tant de lumière. Quelques rares pics montagneux dépassent du tapis nuageux en contrebas. Les villes étendues traversées par les Voyageurs paraissent désormais si petites et le monde si vaste ! Le paysage est magnifique et l’horizon semble infini. Cette vision est féerique, apaisante et permet à chacun de prendre du recul sur sa propre existence et ses aspirations profondes. Un après l’autre, les cœurs s’emplissent d’un sentiment de sérénité incomparable.
En traversant les nuages à bord de Vatan, le paysage qui s’offre à la vue de Pablo et des personnages est éblouissant de lumière et de beauté. Les Portes-Bonheur longuement fantasmées par le peintre sont visibles à quelques nuages de là, illuminées par la coquille. Les portes sont massives et si imposantes que leur linteau se confond avec le ciel nocturne. Tous les personnages doivent s’entraider pour les ouvrir et pouvoir entrevoir la Coquille Céleste comme jamais. Un paysage onirique, une vaste étendue de sable d’argent, des arbres blancs aux feuilles d’or et au loin, les dômes gigantesques d’un palais étincelant comme du cristal. « C’est là-bas, dit Pablo, que les vœux sont exaucés ».
Derrière les Portes-Bonheur
Quelques heures de marche dans ce paysage féerique plus tard, le groupe remarque la présence d’habitants peu ordinaires. Des œufs de la taille d’un humain dépourvu de visage mais munis de bras et de jambes musclées qui dépassent de leur coquille. Certains marchent, d’autres courent et d’autres encore chevauchent des aubergines de la taille d’un cheval.
Arrivés au palais du Roi des Œufs, on leur propose d’abord de manger et de dormir avant toute explication. Les voyageurs exténués acceptent.
Le lendemain une audience est organisée avec le Roi des Œufs. Celui-ci leur explique tout concernant son royaume et la véracité ou la fausseté des légendes racontées à leur propos. S’il est vrai que les œufs-qui-marchent sont de puissants magiciens, ils sont incapables d’exaucer les vœux. Aussi, en guise de récompense pour être arrivé jusqu’ici et pour avoir rapporté Vatan, la cour fais don à chacun d’un artefact magique d’une extrême rareté.
Aenith se voit offrir une bouteille d’herboriste tout à fait particulière. A l’intérieur de celle-ci on observe tout un paysage miniature ainsi qu’une petite grenouille. Non seulement cette bouteille est capable de conserver les herbes pour l’éternité, mais en plus la grenouille est capable de prédire le temps qu’il fera.
Citrus reçoit un sifflet d’or. On lui explique qu’en sifflant dans cet instrument Vatan pourrait descendre du Royaume des Œufs et voler à son secours. Cette intervention ne pourrait néanmoins se produire qu’en cas d’absolu nécessité.
On remet à Ruby un petit coffret dans lequel se trouve d’élégantes lorgnettes de joaillier. En tant que passionné par cet artisanat le jeune noble sera désormais capable d’insuffler sa magie à l’intérieur de ses créations.
En sa qualité d’artiste peintre Pablo obtient un tube de peinture tout à fait particulier. En plus de ne jamais se vider, la couleur de ses pigments sont toujours de la teinte exacte désirée par son utilisateur.
Les hommes-dragons aussi sont récompensés. Liyol reçoit une lanterne brillante plus intensément là où l’aventure est la plus intéressante, et Shion une encyclopédie renfermant le pouvoir de canaliser l’esprit afin que toutes les chances soient de son côté pour ses études au Collège des Hommes-Dragons.
Avant de partir Ruby ne manque pas d’informer le Roi des Œufs que sa cour est la bienvenue en son manoir de Vertevue. Enfin, tout le monde embarque à nouveau dans Vatan. Le géant s’élance dans le soleil levant.
Kragan, Erin et les autres habitants de Basel retrouve leur tour dans la montagne. A Pilotis-sur-Bain Pablo peint le portrait de sa sœur avant de lui faire des adieux émouvants. Enfin à Vertevue, Aenith, Citrus et Ruby retrouvent leurs proches. Parents, camarades, amis… tous sont abasourdis par l’existence de Vatan.
Liyol s’envole en compagnie de Shion en direction du monde des Dragons au-delà des étoiles, non sans promettre aux voyageurs qu’ils se retrouveront bientôt.
Et un jour, au sommet des collines de Vertevue les blanches coquilles des œufs-qui-marchent finirent par briller sous le soleil. Ce fut une réception inoubliable.
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